République de Moldova : l’assistance pécuniaire est une bouée de sauvetage pour les survivantes de violence basée sur le genre

DROCHIA, République de Moldova – « La plupart des survivantes dépendent financièrement de leurs agresseurs, et veulent briser ce cercle vicieux pour se séparer [d’eux] », explique Mariana Zaporojan, gestionnaire de dossiers dans un espace sûr de Drochia, qui est géré par Artemida, une ONG locale partenaire de l’UNFPA.

Pour les survivantes de violences et celles qui sont à risque en République de Moldavie, l’assistance pécuniaire est devenue une bouée de sauvetage, leur permettant de se libérer de cycles de violence et de se construire une nouvelle vie. Pour des femmes comme Elena* et Alina*, cela a été vital pour se procurer de la nourriture, un refuge et des soins médicaux, pour elles et leur famille.

« L’aide pécuniaire est souvent fondamentale pour les survivantes, qui doivent faire face à de multiples difficultés ; elle les protège de risques supplémentaires », précise Mme Zaporojan. « Elles ont rarement le courage de quitter leurs agresseurs par peur de ne pas pouvoir subvenir elles-mêmes à leurs besoins et à ceux de leurs enfants, afin de recommencer une vie indépendante, sans violence. [Elles ont peur de] risquer de perdre leurs enfants. »

Parmi ces survivantes, on compte des femmes et des filles ayant fui le conflit en Ukraine, qui sont très exposées à l’exploitation, à la violence et aux abus, notamment aux violences physiques et sexuelles et à la traite d’êtres humains.

Une lutte pour la survie

Elena est l’une de ces femmes. Elle a fui sa ville natale ukrainienne au début de la guerre avec ses trois enfants. La situation d’urgence et l’effondrement des systèmes d’aide qui a suivi a eu un effet dévastateur sur elle comme sur 6 millions d’autres réfugié·e·s originaires d’Ukraine.

« Le plus terrifiant, ç’a été lorsque mes enfants m’ont réclamé à manger et que je n’avais rien à leur donner », se souvient-elle. « La seule personne que je considérais proche de moi, en Moldova, c’était mon voisin. Je suis allée le voir pour lui demander de me prêter de l’argent ou de la nourriture pour nourrir mes enfants. J’ai alors eu le plus gros choc depuis le début de la guerre lorsqu’il m’a proposé des rapports sexuels, en me disant que c’était le seul moyen qu’il me donne de l’argent. »

Heureusement, Elena a pu trouver de l’aide dans un espace sûr de l’UNFPA, l’un des huit qui ont été mis en place dans tout le pays afin d’aider les femmes qui fuient la violence et le conflit depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Ces espaces proposent de l’information sur la santé sexuelle et reproductive, une aide et une écoute psychosociale pour les survivantes, ainsi qu’une orientation vers des services spécialisés.

L’assistance pécuniaire, qui est fournie avec le soutien de la Commission européenne, fait aussi partie de la stratégie d’aide aux survivantes et aux personnes exposées à la violence basée sur le genre, pour leur permettre de reprendre pied.

Ainsi, Elena a pu acheter de la nourriture, des produits d’hygiène et des médicaments pour sa famille, et s’installer dans une nouvelle maison, où elle et ses enfants se sentent en sécurité.

Cette aide pécuniaire est aussi proposée aux femmes moldaves ayant besoin d’aide. Pour les survivantes comme Alina, qui a perdu sa maison dans un incendie causé par son mari violent (aujourd’hui décédé), l’assistance financière est une étape essentielle pour se reconstruire une vie. « J’étais à la rue, avec un enfant, sans habits ni produits de première nécessité, et sans revenu », explique-t-elle.

« Cette aide m’a sauvé la vie : j’ai acheté des vêtements pour mes enfants et moi, des chaussures, de la nourriture et des matériaux pour réparer une cuisine d’été, afin que nous puissions y vivre l’hiver. »

Secours immédiat et engagement à long terme

Depuis février 2022, plus de 30 000 personnes, réfugiées comme membres des communautés d’accueil, ont reçu de l’aide dans les 28 espaces sûrs de l’UNFPA (20 fixes et 8 mobiles) dans le nord, le centre et le sud de la République de Moldova, y compris dans les zones isolées ou difficiles d’accès.

Dans toute cette région, l’UNFPA et ses partenaires ont également formé plus de 350 personnes afin de renforcer les services liés à la violence basée sur le genre.

L’aide qu’elle a reçue a permis à Alina de trouver la forcer de continuer à avancer. « Nous allons louer une autre maison pour ne plus devoir dépendre de mon propriétaire. Actuellement, nous nous sentons vraiment en sécurité avec les enfants… J’espère que je pourrai offrir une vie meilleure à mon enfant. »

*Les prénoms ont été changés pour garantir l’anonymat et la protection des personnes