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L’avenir que nous voulons pour les femmes et les filles
- 23 Octobre 2020
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NATIONS UNIES, New York – Le 24 octobre, les Nations Unies célèbreront leur 75e anniversaire. Cette Journée des Nations unies est généralement l’occasion de faire le bilan des progrès accomplis grâce à la solidarité internationale, parmi lesquels des traités sur les droits de la personne, des collaborations scientifiques et des efforts de santé publique.
Cette année, l’unité internationale peut sembler être un objectif lointain : la pandémie de COVID-19 force la fermeture des frontières et conduit les personnes à s’auto-isoler. Pourtant, l’inverse est bien vrai, car cette crise prouve que le bien-être individuel est inséparable de celui de l’humanité tout entière et qu'une action collective est nécessaire pour progresser.
Cette année, les Nations Unies souhaitent provoquer la réflexion sur l’avenir que nous appelons de nos vœux, un avenir qui n’est possible que si nous travaillons toutes et tous ensemble. Pour l’UNFPA, cela implique d’envisager l’avenir que nous souhaitons pour les femmes et les filles, et les mesures que nous devons prendre collectivement pour le concrétiser.
Pendant 75 ans, les gouvernements du monde entier se sont unis autour d’objectifs et d’idéaux fondamentaux : éradiquer la pauvreté, réaliser les droits de la personne, atteindre le meilleur état de santé possible. Tous ces objectifs ont cependant comme prérequis commun l’égalité des genres.
« Les droits humains ne peuvent être pleinement respectés que si toutes les femmes et les filles en jouissent elles aussi. Le fait que les inégalités de genre et les atteintes aient toujours cours, y compris la violence sexuelle et la violence de genre, nous prive d’un monde plus juste et meilleur », ont déclaré les dirigeant·e·s dans une résolution adoptée le mois dernier.
Si l’on constate des progrès – augmentation du nombre de filles scolarisées, de femmes à des postes de pouvoir, de lois qui promeuvent les droits et le bien-être des femmes et des filles – ils sont insuffisants. Selon le rapport Global Gender Gap de 2020, au rythme où vont les choses, il faudra encore un siècle pour atteindre la parité dans les postes de direction, et 257 ans pour une égalité des chances et de la participation économique.
La pandémie de COVID-19 menace d’inverser une grande partie de ces progrès en faisant augmenter le travail de soins non rémunéré des femmes, en limitant leur taux d’activité plus que celui des hommes, et en accroissant beaucoup leur vulnérabilité à la violence.
L’UNFPA travaille avec ses partenaires pour maintenir la sensibilisation et les programmes en faveur des femmes et des filles malgré les confinements.
« Chaque action compte, chaque action peut changer la vie des filles et des femmes et la rendre meilleure », a déclaré cette semaine à l’UNFPA Maryna Saprykina. Elle est directrice du conseil d’administration de CSR Ukraine, une organisation qui collabore avec l’UNFPA pour promouvoir les chances des filles. « Nous savons que notre travail est d’autant plus essentiel actuellement avec la pandémie, les confinements et les quarantaines, qui affectent beaucoup le bien-être des femmes et des filles ».
Les programmes visant l’élimination de la violence basée sur le genre et des pratiques néfastes (mariage d’enfants, mutilations génitales féminines) se poursuivent également, malgré les difficultés posées par les restrictions de déplacement.
« Les violences sexuelles et basées sur le genre, dont les mutilations génitales féminines, ont causé beaucoup de morts et ont laissé des survivantes qui souffrent toute leur vie. Aidons les filles à s’épanouir et à ne plus être des victimes », soutient le Dr Mariam Dahir, qui travaille sur ces questions avec l’UNFPA en Somalie.
L’égalité des genres ne peut être atteinte que si l’on assure l’accès à des informations et à des services de santé sexuelle et procréative. La mauvaise qualité de l’information et des soins affecte la vie de millions de femmes chaque année. Chaque jour, près de 808 femmes meurent de complications évitables dues à leur grossesse ou à leur accouchement. Dans les pays en développement, on estime que 20 000 filles de moins de 18 ans accouchent chaque jour. Dans les régions en développement plus généralement, les estimations font état de 217 millions de femmes qui souhaiteraient éviter une grossesse mais n’utilisent pas de méthodes de planification familiale sûres et efficaces.
« Nous voulons un avenir où les filles et les jeunes femmes pourront facilement accéder aux services de santé sexuelle et procréative », explique Mohamed Jellow, responsable d’un centre de jeunes en Somalie financé par l’UNFPA et Mercy-USA. « Notre centre propose des informations fiables et notre personnel dispose des compétences techniques pour aider les filles et les jeunes femmes à préserver leur santé sexuelle et procréative ».
Des efforts de ce genre devront être nombreux pour pouvoir assurer « un avenir fait d’égalité des chances et de décisions de santé indépendantes », rappelle Nataliia Koshovska, experte des questions de genre auprès de l’UNFPA, en Ukraine.
La pandémie a affecté beaucoup de structures qui proposent ce type de soins. La planification familiale et la contraception font partie des services les plus fréquemment perturbés, selon l’Organisation mondiale de la santé, avec 7 pays touchés sur 10.
L’un des principaux problèmes est que les hommes - et les hommes politiques - continuent de considérer ces questions comme des «questions de femmes».
«Les hommes et les garçons sont principalement ceux qui attachent un stigmat aux menstruations. Ils influencent les décisions des femmes et des filles concernant leur santé sexuelle et reproductive, et ils sont les principaux auteurs de violence sexiste », a déclaré Data Gordon, fondatrice de l’initiative Men4Women au Soudan du Sud. Des programmes comme le sien s'efforcent «d'impliquer les hommes et les garçons dans la promotion des droits et de la dignité des femmes et des filles».
« Nous accélérerons notre action pour atteindre l’égalité des genres, la participation des femmes et l’autonomie des femmes et des filles dans tous les domaines » : tel est l’engagement pris par les responsables gouvernementaux du monde entier en septembre dernier.
Les militantes et militants en faveur des droits des femmes et des filles comptent bien faire en sorte que cette promesse soit tenue.
« Une véritable participation des femmes, qui représentent la moitié de la population mondiale, est essentielle », souligne Mme Koshovska. « Nous approchons certes de la parité, mais le changement n’est pas assez rapide ».
« Mes expériences de vie m’ont insufflé un désir ardent de me battre pour l’égalité des genres », explique Dashni Murad, militante et artiste, à l’UNFPA. « Tant que j’aurai la possibilité de m’exprimer, c’est exactement ce que je ferai ».