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Guinée-Bissau : un théâtre ambulant encourage les discussions et change les perspectives sur la violence basée sur le genre
- 29 Février 2024
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BIOMBO, Guinée-Bissau – « La partie sur le mariage forcé m’a profondément émue, car je suis moi-même une victime de cette pratique néfaste », raconte Domingas*, à Quinhamel dans la région de Biombo, dans l’ouest de la Guinée-Bissau.
« Je parle tous les jours à ma mère de mon mariage avec un homme plus âgé, mais elle me répond toujours “c’est comme ça, ce sont nos traditions”. Cette caravane me rend donc très heureuse », explique-t-elle à l’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive.
Ce théâtre ambulant fait partie d’une récente campagne nationale de sensibilisation aux graves conséquences que les différentes formes de violence basée sur le genre peuvent avoir sur la santé physique et mentale des jeunes filles, ainsi que sur la réalisation de leur potentiel.
« Les mutilations génitales féminines ont beaucoup d’effets néfastes sur les femmes et les filles, notamment pendant la grossesse et l’accouchement », souligne Delina Amelia Mendes, originaire de Bula, dans la région de Cacheu. « Cela peut provoquer la mort du nouveau-né ou même de la mère. »
Afin de lutter contre des pratiques telles que les mutilations génitales féminines et le mariage d’enfants, 25 acteurs et actrices du Ballet national, le groupe Nossa Patria Amada, a joué trois pièces sur des marchés locaux. Appelés 𝐿𝑢𝑚𝑜𝑠, ces marchés rassemblent des personnes issues de tous les secteurs de la société, et sont une excellente plateforme pour encourager des discussions et sensibiliser à la nécessité de changer les normes sociales et les comportements.
Chacune des pièces dure entre 30 et 45 minutes et mêle théâtre, danse et musique. Elle est suivie d’une session interactive au cours de laquelle le public peut échanger avec les acteurs et actrices.
« Nous souhaitons créer un dialogue constructif au lieu de nous limiter à une communication à sens unique », explique Marliatu Djalo, présidente du comité national contre les pratiques néfastes.
Agir contre les inégalités
Une étude de 2019 a montré qu’en Guinée-Bissau, plus de la moitié des filles faisaient l’objet de mutilations génitales féminines, et que plus d’un quart étaient mariées avant leurs 18 ans – parfois même à l’âge de 7
Des systèmes patriarcaux profondément enracinés et une discrimination selon le genre très répandue font de ces pratiques des éléments omniprésents dans le pays. Si le plaidoyer et les initiatives en faveur des droits humains aident à réduire les taux de mariages d’enfants, trop sont encore privées de leur enfance et envoyées s’occuper de leur nouveau mari, de leur foyer et de leurs enfants, dans des zones encore plus reculées.
Such inequalities often force girls to abandon their studies, blighting their employment opportunities, violating their human rights and denying whole communities their contributions. Child marriage also heightens the risk of intimate partner violence by more than 20 per cent.
De telles inégalités forcent bien souvent les filles à abandonner leurs études, ce qui ruine leurs opportunités d’emploi, viole leurs droits et prive des communautés entières de leurs contributions. Le mariage d’enfants fait aussi augmenter le risque de violence au sein du couple de plus de 20 %.
L’autonomisation, en particulier celle des femmes et des filles, par le biais d’outils pour défendre leurs droits et leur santé sexuelle et reproductive, permet pourtant de débloquer des bénéfices sociaux et économiques et d’améliorer les perspectives des générations à venir.
« Nos parents devraient nous laisser choisir librement le partenaire avec lequel nous voulons nous marier ou rester toute notre vie », a déclaré Giovanna Carlos Gomes, étudiante à Quinhamel (région de Biombo) après l’une des représentations.
Changer les normes sociales par le biais de la culture
Le ministère de l’Action sociale, de la famille et de la promotion des femmes est à l’origine de cette initiative, en collaboration avec l’UNFPA et ses partenaires. Les représentations se sont tenues du 25 novembre au 10 décembre 2020, dans le cadre de la campagne 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre.
Plus de 500 personnes ont assisté aux pièces chaque jour, ce qui fait un total de 7 000 personnes sur tout le parcours de la caravane. Le public a activement participé aux échanges, en évoquant des sujets tels que les grossesses adolescentes, la violence basée sur le genre et la prévention du VIH et du sida.
« C’est formidable d’amener le théâtre dans ces communautés », se félicite Domingos Quade Mbana, membre du Ballet national. « Grâce à ces pièces, nous pouvons passer un message à la population, et il est plus facile de sensibiliser le public. »
Alors qu’on estime qu’une femme ou fille sur trois dans le monde a déjà subi de la violence basée sur le genre, l’UNFPA s’efforce de faire en sorte que davantage de ressources et de volonté politique soient dédiées à lutter contre elles.
Afin d’accélérer l’élimination des mutilations génitales féminines et des autres pratiques néfastes d’ici 2030, l’UNFPA s’engage à renforcer les capacités des parties prenantes locales en Guinée-Bissau. Les interventions se concentreront sur le plaidoyer, la persuasion des responsables politiques et la promotion des changements des normes sociales et des attitudes, pour que les femmes et les filles bénéficient de l’égalité et d’une meilleure sécurité.
« Réengageons-nous à mener des actions concrètes qui protègeront les femmes et les filles dans toute leur diversité », a déclaré la directrice exécutive de l’UNFPA, la Dr Natalia Kanem. « Réengageons-nous à construire un monde plus juste, plus inclusif, plus équitable, où les femmes et les filles peuvent vivre en paix. »
*Les prénoms ont été changés pour garantir l’anonymat et la protection des personnes