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« Avoir des rêves et se battre » : au Costa Rica, une infirmière afrodescendante aide les femmes marginalisées
- 29 Août 2022
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LA PALMA/SAN JOSÉ, Costa Rica – « Je veux que l’on se souvienne de moi comme une femme afrodescendante qui a toujours eu des rêves et s’est battue pour ce qu’elle voulait, malgré sa situation », déclare Siannie Palmer Miller à l’UNFPA.
L’héritage historique terrible de l’esclavage et du racisme continue à affecter la santé, le bien-être et les droits des personnes afrodescendantes en Amérique latine, comme dans le reste du monde. Mme Palmer appris très tôt que les gens la traiteraient différemment à cause de sa couleur de peau et de son genre : « On m’a discriminée parce que je suis une femme, à cause de ma couleur de peau, de mes origines, et même de la province dans laquelle je suis née et où je vis. C’est parfois discret, par le biais de commentaires et de plaisanteries à double sens ; d’autres fois, c’est fait plus ouvertement, de façon grotesque ».
Cette réalité tragique n’a fait que renforcer sa volonté de faire changer durablement les choses pour les femmes de sa communauté.
Neuvième fille d’un propriétaire fermier et d’une sage-femme, elle a toujours compris les besoins des gens qui l’entouraient. Nombre de ses paires ont rencontré des difficultés car elles étaient jeunes mères. « À l’âge de 15 ou 16 ans en moyenne, les femmes abandonnaient leurs études pour fonder une famille », se souvient-elle.
Mme Palmer savait qu’elle voulait se rendre utile. Elle a ainsi suivi des études pour devenir infirmière en soins obstétriques et gynécologie. « Servir les femmes de cette communauté est essentiel, car en améliorant leur santé sexuelle et reproductive, nous changeons et sauvons des vies. »
Construire un lien de confiance, sauver des vies
Les femmes afrodescendantes en Amérique latine sont touchées par une discrimination systémique, qui a des conséquences graves sur leur santé comme le montrent les recherches sur le sujet. La mortalité maternelle affecte de manière disproportionnée les femmes afrodescendantes, et son taux décline beaucoup plus lentement chez cette population que chez celles présentant une autre appartenance ethnique.
La pandémie de COVID-19 a aussi porté un coup terrible à cette communauté, qui a présenté une plus forte vulnérabilité à l’infection. Une étude menée sur huit pays d’Amérique latine a révélé que 92 % des décès maternels chez les femmes atteintes de COVID-19 touchaient des femmes afrodescendantes, autochtones ou métis.
Voilà l’environnement dans lequel Mme Palmer sert sa communauté : un poste sanitaire à La Palma, établi par l’UNFPA et plusieurs autres agences des Nations Unies, dans le cadre d’un programme visant à aider les femmes marginalisées, qu’elles soient afrodescendantes ou même membres de la population autochtone Ngäbe.
Mme Palmer est capable de prodiguer ses soins avec empathie et compassion, et d’établir un lien fort avec ses patientes.
« Il y a de la confiance entre nous, et nous pouvons donc lui dire ce que nous traversons », explique Isolda Duarte Martínez La Palma, l’une des patientes de la clinique.
L’héritage de l’excellence
C’est cela que Mme Palmer veut transmettre à sa communauté. Elle sait qu’elle a surmonté de grands obstacles : elle a eu d’excellents résultats à l’école, obtenu une bourse d’études et étudié à l’étranger pour parvenir à son poste actuel. Elle souhaite que d’autres filles s’épanouissent comme elle et s’entraident pour aller plus loin, tout comme elle l’a fait.
« Je veux qu’on se souvienne de moi comme une femme qui n’a jamais oublié ses racines, ni la valeur de la gratitude, du travail, de l’excellence, de l’empathie, et qui a fait de ces idéaux des moteurs dans sa vie, pour apporter la meilleur contribution possible à sa génération », affirme-t-elle.