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Au Pérou, les sages-femmes font du porte-à-porte en pleines inondations pour proposer des services essentiels de santé à des milliers de personnes
- 27 Décembre 2023
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PIURA, Pérou – Au cours des premiers mois de l’année 2023, des pluies torrentielles ont inondé les rues de Veintiséis de Octubre, dans le district de Piura situé dans le nord-ouest du Pérou. Elles ont interrompu les services municipaux et rendu les habitant·e·s prisonnier·e·s de leur domicile. Miryam Coello, âgée de 30 ans et mère de deux enfants, a vu l’anxiété s’ajouter à sa grossesse.
Se rendre aux consultations de suivi de grossesse est devenu difficile pour elle, car les routes en terre battue de son quartier étaient saturées d’eau et elle ne disposait pas d’argent pour prendre un autre moyen de transport. Pire encore, rats, mouches et moustiques étaient arrivés en nombre avec les crues, et avec eux les risques de maladies transmises par l’eau.
« Nous devions tout désinfecter. Malgré cela, j’ai tout de même attrapé la dengue », raconte Mme Coello à l’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive.
Les urgences climatiques présentent des dangers particuliers pour les femmes et les filles : elles limitent leur accès aux services de santé sexuelle et reproductive, ce qui accroît les risques de violence basée sur le genre et renforce leur vulnérabilité à la maladie. Pendant les fortes inondations à Piura, un décès maternel sur cinq était associé à la dengue ou directement causé par elle.
Mme Coello avait déjà été informée que sa grossesse demanderait un suivi attentif, car elle avait accouché de ses deux premiers enfants par césarienne. Les médecins l’avaient prévenue qu’une troisième intervention chirurgicale de ce genre serait risquée..
Elle a pourtant eu du mal à bénéficier des soins dont elle avait besoin… jusqu’à ce qu’on frappe à sa porte.
Une initiative qui sauve des vies
La personne qui a rendu visite à Mme Coello ce jour-là était une sage-femme, membre d’une équipe gérée par le projet Saving Lives (soutenu par l’UNFPA) et déployée par l’organisation locale partenaire Prisma.
Alors que des milliers de femmes comme Mme Coello ne pouvaient plus se rendre dans les centres de santé à cause des inondations, de problèmes financiers et de diverses tâches à effectuer chez elles, le projet Saving Lives leur a apporté des soins à domicile.
« Je ne pouvais laisser mes enfants à personne, car mon mari était parti travailler comme pêcheur », explique Mme Coello. « Ce groupe m’a indiqué venir me voir pour mon suivi médical. »
Depuis mai 2023, des sages-femmes qualifiées rendent ainsi visite à des femmes comme Mme Coello dans les régions de Piura, de Tumbes et de Lambayeque, qui ont été touchées par les inondations. Ces équipes ont pu identifier et aider près de 150 femmes enceintes en leur proposant des services tels que des consultations prénatales, et ont permis à plus de 4 500 femmes d’avoir accès à des services de santé sexuelle et reproductive.
« Elles font du porte-à-porte sans relâche pour proposer des conseils en santé sexuelle et reproductive, et identifier quelles sont les femmes enceintes. Elles n’ont jamais abandonné », se réjouit la coordonnatrice de santé obstétricale Bertha Liñán, dont le centre de santé collabore avec ce projet soutenu par l’UNFPA.
« Elles nous aident à grossir nos effectifs et à atteindre des zones dans lesquelles nous n’avions jamais pu aller. »
Sauver des vies grâce au suivi médical
Les soins prodigués par les sages-femmes ont tout changé pendant la grossesse de Mme Coello. Elle ne se sent plus en danger. « Ma vie a beaucoup changé depuis leur venue », dit-elle.
Les sages-femmes sauvent des vies, et pourtant le monde n’en compte pas suffisamment. Selon l’UNFPA, 1 million de ces prestataires de santé manquent à l’effectif mondial, alors que la profession est en capacité de répondre à 90 % des besoins mondiaux essentiels en santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente.
Après en avoir discuté avec ses sages-femmes, Mme Coello a choisi de ne pas avoir d’autre enfant. « J’ai pris cette décision avec mon mari dans le cadre de notre planification familiale », déclare-t-elle.