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Gaza, Liban et Syrie : femmes et filles ont de moins en moins accès à la santé à cause des déplacements intensifiés par les hostilités

Deux membres du personnel des Nations Unies, portant des casques bleus, se tiennent au milieu des décombres d’un hôpital.
L’hôpital Al-Shifa de Gaza, en ruines, en avril 2024. Les hostilités n’ont fait que s’intensifier depuis. © UNFPA / Dominic Allen
  • 10 Octobre 2024

DAMAS, Syrie / BEYROUTH, Liban / JÉRUSALEM, Palestine – L’escalade récente dans le conflit qui fait rage au Moyen-Orient provoque des déplacements massifs et interrompt des services de santé vitaux pour les femmes et les filles. Les autorités israéliennes forcent actuellement d’autres hôpitaux à évacuer dans le nord de Gaza, dont deux qui proposent des soins obstétricaux d’urgence aux femmes enceintes, au milieu des bombardements et des opérations terrestres. Ces ordres d’évacuation poussent la population gazaouie vers le sud, qui fait face au surpeuplement et à un déficit en services de base, ont averti la semaine dernière des responsables des Nations Unies.

Parallèlement, les services de santé libanais sont gravement perturbés. On compte au moins 98 centres de santé primaires contraints à fermer leurs portes au cours de l’année écoulée, et cinq hôpitaux désormais hors d’état de fonctionner à cause de destructions physiques ou touchant leur infrastructure. Des milliers de personnes continuent à passer la frontière du Liban pour rejoindre la Syrie, et pour beaucoup, c’est déjà un deuxième ou un troisième déplacement.

Ces déplacements de masse ont des conséquences particulièrement douloureuses pour les femmes et les filles, et aucun répit ne semble s’annoncer puisque les hostilités continuent à s’intensifier.

Depuis le début du conflit il y a un an, on estime que 60 000 femmes ont accouché à Gaza. Tout au long de cette année, l’UNFPA, l’agence des Nations Unies en charge de la santé sexuelle et reproductive, a aidé près de 45 000 d’entre elles à accoucher en toute sécurité ; bien d’autres n’ont malheureusement pas pu atteindre de services leur permettant de faire de même. Aujourd’hui, de très nombreux centres de santé déjà à peine opérationnels ferment faute de personnel – leurs équipes sont en effet prisonnières chez elles à cause des combats, dans l’impossibilité de se présenter au travail, ou bien déployées, dans le cas des prestataires de santé sexuelle et reproductive, dans le sud de la région pour prendre en charge l’afflux de personnes déplacées.

« Gaza est dévastée dans des proportions encore jamais atteintes », déclare Nestor Owomuhangi, délégué de l’UNFPA en Palestine. « Les destructions, les vies perdues, le désespoir sont accablants. »

Le personnel médical rapporte une forte augmentation des fausses couches et des décès maternels, explique M. Owomuhangi, ajoutant que l’anxiété et la malnutrition limitent les possibilités d’allaitement pour les jeunes mères, et que des milliers de femmes enceintes sont « au bord de la famine » ou vivent « dans des conditions proches de la famine ».

Une jeune mère passe la frontière les mains crispées sur la plaie de sa césarienne

 Au premier plan, un homme vêtu d’un gilet de l’UNFPA enlace un enfant. À sa gauche, une femme tient un nourrisson dans ses bras.
Samah (à gauche) tient l’un de ses trois enfants à la frontière libano-syrienne. © UNFPA Syrie / Omaya Al Mekdad

L’UNFPA et ses partenaires peinent aussi à répondre aux besoins des personnes fuyant les bombardements au Liban.

Samah, une Libanaise de 28 ans et mère de trois enfants, est devenue réfugiée trois jours seulement après avoir accouché par césarienne.

« Nous étions tout près lorsque la frappe a eu lieu, et c’est là que la nuit s’est éclairée aussi vivement que si le jour s’était levé », raconte-t-elle à l’UNFPA.

Elle a fui vers la frontière syrienne, mais un cratère creusé dans la route par les frappes israéliennes empêchait tout passage en voiture : elle a dû faire une partie du voyage à pied avec ses enfants. « J’ai enveloppé mon ventre d’un linge propre, j’ai pris mon fils dans mes bras et je me suis dirigée vers la frontière », explique-t-elle.

Craignant de déclarer une infection, Samah est allée demander de l’aide dans une clinique une fois la frontière atteinte avec ses enfants. L’équipe médicale, soutenue par l’UNFPA, a examiné la plaie de sa césarienne et lui a assuré qu’elle et son nouveau-né étaient en bonne santé.

« Au moment où le·a pédiatre a examiné mon bébé et où le personnel infirmier s’est occupé de ma plaie, j’ai à nouveau ressenti de l’espoir », se réjouit Samah. « On m’a donné des antibiotiques, une solution nutritive et surtout, on m’a offert un sentiment de sécurité. »

Des besoins toujours plus importants chez les survivantes

 Dans une clinique mobile, une agente de santé portant un gilet bleu et une casquette blanche est assise, veillant sur une femme allongée.
Les personnes qui affluent à la frontière avec le Liban bénéficient de services médicaux mobiles grâce à l’association du Planning familial de Syrie et à l’UNFPA. L’équipe mobile fonctionne grâce à un financement de l’Union européenne. © UNFPA Syrie / Omaya AL Mekdad 

Les besoins des personnes déplacées en matière de santé ne comprennent pas uniquement les soins médicaux, mais aussi le soutien psychologique et la prise en charge du traumatisme.

Pourtant, une grande partie des prestataires proposant ces services sont également confronté·e·s au déplacement.

« Les femmes du refuge comprennent ce que nous vivons, et nous les comprenons aussi », affirme Lama, coordinatrice d’un programme spécialisé en santé sexuelle et reproductive et prévention de la violence basée sur le genre. Elle travaille avec Amel, un partenaire de l’UNFPA au Liban.

La semaine dernière, elle a dû fuir les bombardements au sud de Beyrouth. « Je n’ai même pas pensé à prendre quelques habits chauds avec moi. Nous n’avons eu que 15 minutes pour prendre ce que nous pouvions et quitter nos maisons. »

Elle continue cependant son travail de coordination de services pour aider les autres. Les refuges collectifs débordent et n’ont que trop peu de sanitaires. L’organisation Amel explique à l’UNFPA que de plus en plus de survivantes ont besoin d’une prise en charge en matière de violence basée sur le genre.

« Il est de notre responsabilité, aujourd’hui plus que jamais, d’assurer qu’elles bénéficient de ce soutien essentiel », déclare Lama.

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