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Un tournant pour la santé menstruelle des femmes et des jeunes filles en Afrique
- 30 Mai 2018
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JOHANNESBURG, Afrique du Sud/NAROK, Kenya – « J'ai eu honte d'être une fille et je l'ai vécu comme une punition », se souvient Faith, 13 ans, à propos de ses premières menstruations.
Elle vivait à l'époque dans un internat de Narok County, au Kenya. Une amie lui a appris à utiliser un linge pour gérer le sang. « Je ne savais ni comment ni pourquoi cela se passait et encore moins à quoi m'attendre. J'étais donc naturellement effrayée et déconcertée ».
Son expérience est très commune. Les jeunes filles du monde entier manquent de connaissances fondamentales concernant leur santé sexuelle et reproductive et ont du mal à accéder aux fournitures de santé menstruelle. Elles sont nombreuses à avoir maille à partir avec la honte et les tabous liés à la menstruation.
Ces questions sapent la santé et les droits des jeunes filles. Les jeunes filles peuvent être soumises à une stigmatisation ou manquer l'école à cause des difficultés de gestion de leur hygiène menstruelle. Faith comprend ces problèmes. « Je détestais aller à l'école », a-t-elle déclaré à l'UNFPA.
Ces inquiétudes sont examinées pendant le Menstrual Health Management Symposium qui a lieu cette semaine à Johannesburg, en Afrique du Sud. C'est la première réunion de ce type qui se tient dans la région.
Organisé conjointement par le ministère sud-africain des femmes et l'UNFPA, le symposium vise à lutter contre les tabous et créer des normes positives en matière de menstruation.
L'accès aux produits sanitaires, un traitement digne et une éducation sur la gestion de la santé menstruelle représentent « une question de droits humains pour laquelle nous devons tous lutter », a déclaré au symposium Bathabile Dlamini, la ministre pour les Femmes sud-africaine.
On estime qu'une jeune fille sur dix en Afrique subsaharienne manque des cours à un moment de sa menstruation, a souligné Mme Dlamini. « Les études montrent que jusqu'à 7 millions d'écolières en Afrique du Sud ne peuvent pas acheter de serviettes hygiéniques, a-t-elle ajouté.
Comment pouvons-nous montrer aux jeunes filles que la menstruation n'a rien de honteux ? Nous devons mettre fin à la honte concernant la menstruation dans nos foyers, nos écoles, nos lieux de culte et les autres espaces importants de nos vies. »
L'amélioration de la santé sexuelle et reproductive peut entraîner un retour sur investissement important, notamment en renforçant la participation des femmes et des jeunes filles dans l'éducation et l'économie. Toutefois, des défis de taille doivent d'abord être traités.
« En Afrique, la sexualité est très dissimulée… [mais ne pas parler de sexualité] perpétue la stigmatisation et la discrimination, explique Dr. Julitta Onabanjo, la directrice régionale de l'UNFPA en Afrique orientale et australe. L'accès à l'éducation sexuelle est primordial pour la sensibilisation à la menstruation, mais également pour la confiance en soi, l'estime de soi et la valeur personnelle. »
Elle a ajouté que les hommes et les garçons doivent participer pour mettre un terme à la stigmatisation liée à la menstruation. « Nous voulons qu'ils soient des alliés et des soutiens. »
Il ne faut pas négliger les aspects sanitaires de la menstruation. « La normalisation de la menstruation ne doit pas entraîner une trivialisation des troubles menstruels », a déclaré Dr. Onabanjo.
Plus de 300 personnes participent à l'événement, notamment des fonctionnaires, des universitaires, des organisations non-gouvernementales, des agences de l'ONU, des groupes de jeunes et d'autres partenaires. L'actrice Hlubi Mboya, le musicien KrTC of Hip Hop, ainsi que le célèbre musicien et champion de la santé menstruelle King Kaka, participent également.
Un résultat important du symposium sera le lancement d'un groupe de travail africain pour l'amélioration de la gestion de la santé menstruelle en Afrique.
« Faisons de ce symposium un tournant pour l'ensemble de ce continent », a déclaré Dr. Onabanjo.
Quand à Faith, au Kenya, elle participe à l'éducation et l'autonomisation de ses pairs.
« J'ai désormais décidé d'aider les autres filles de l'école qui ont leur première menstruation, explique-t-elle. Je sais maintenant que c'est une fonction normale du corps humain et qu'il n'y a pas de raison d'avoir honte. »