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Grand succès à Nyarugusu : comment l’un des plus grands camps de réfugié·e·s au monde a réussi à comptabiliser zéro décès maternel en 2022

En 2022, aucune femme n’est morte en couches au camp de réfugié·e·s de Nyarugusu, un succès remarquable. © UNFPA Tanzanie/Bright Warren
  • 10 Avril 2023

KIGOMA, République unie de Tanzanie — L’an dernier, 6 235 femmes et filles ont accouché au camp de réfugié·e·s de Nyarugusu. Aucune d’entre elles n’est morte de causes liées à la grossesse ou à l’accouchement. 

« Je remercie les agent·e·s de santé, les infirmier·e·s et les médecins pour les soins attentionnés et de grande qualité fournis pendant le travail et l’accouchement, et pour avoir mis mon bébé au monde », déclare Faila Kashidi, 27 ans, qui a accouché dans ce camp de son quatrième enfant l’an dernier. 

Des centaines de milliers de femmes et de filles n’ont malheureusement pas la chance d’avoir la même expérience que Mme Kashindi, à savoir une grossesse et un accouchement qui se déroulent en toute sécurité. Les progrès dans le combat mondial pour la protection de la vie des mères stagne depuis quelque temps maintenant, et on estime qu’en 2020, il y a eu 287 000 décès maternels dans le monde.

La République unie de Tanzanie a elle-même enregistré le dixième plus fort taux de mortalité maternelle au niveau national en 2020, avec 5 400 décès.

C’est pourtant dans ce contexte que les prestataires de santé ont permis au camp de Nyarugusu de faire mentir la tendance générale d’un progrès chancelant, et d’aider les mères comme Mme Kashindi à vivre leur grossesse et leur accouchement en toute confiance.

L’accouchement de Mme Kashindi à Nyarugusu a eu lieu par césarienne et sans aucune complication. « Mon bébé et moi sommes en bonne santé et nous portons bien », se réjouit-elle.

Des solutions simples à un problème mondial

En tant qu’agence leader des Nations Unies pour les droits et la santé sexuelle et reproductive, l’UNFPA concentre son travail sur trois résultats transformateurs ; l’un d’eux est l’élimination des décès maternels évitables d’ici 2030.

Si la façon d’atteindre cet objectif convoque des images d’interventions graves et d’opérations d’urgence, la majorité des décès maternels peut en réalité être évitée grâce à des solutions simples, défendues par les expert·e·s depuis déjà plusieurs décennies.

« Nous pouvons et devons faire mieux en investissant de toute urgence dans la planification familiale et en comblant la pénurie mondiale de 900 000 sages-femmes afin que chaque femme puisse obtenir les soins vitaux dont elle a besoin. », a déclaré dans un communiqué la Dr Natalia Kanem, directrice exécutive de l’UNFPA. 

Le rapport 2021 de l’UNFPA sur l’état de la pratique de sage-femme dans le monde révèle que le recrutement de sages-femmes correctement formé·e·s permettrait d’éviter près des deux tiers du total des décès maternels et néonatals. Selon l’OMS, la présence d’un·e professionnel·le qualifié au moment de l’accouchement peut faire la différence entre la survie d’une mère et son décès pourtant évitable.

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La formation en soins néonatals et obstétricaux d’urgence , ainsi que la prévention et la prise en charge des infections, a renforcé la capacité du personnel infirmier des établissements de santé du camp de Nyarugusu à soigner correctement les mères et leurs bébés. © UNFPA Tanzanie/Bright Warren

L’UNFPA finance le déploiement de 15 infirmier·e·s-sages-femmes à Nyarugusu, ainsi que la formation de 47 agent·e·s de santé dans les trois camps de personnes réfugiées de Kigoma. À Nyarugusu, plus de 99 % des accouchements sont encadrés par des agent·e·s de santé qualifié·e·s (contre 84 % en moyenne dans le monde).

L’accouchement de Mme Kashindi a été supervisé par un·e prestataire ayant reçu une formation en soins obstétricaux d’urgence et en prévention et prise en charge des infections. Un peu plus tôt pendant sa grossesse, une échographie avait révélé que son bébé était plutôt grand, et le personnel de santé avait recommandé une césarienne. Elle a subi l’intervention en mars 2022 dans la structure de santé du camp de Nyarugusu, à laquelle l’UNFPA avait fourni de l’équipement chirurgical pour les soins obstétriques et néonatals.

« J’étais inquiète, mais les médecins et le personnel infirmier m’ont écoutée et conseillée, et je me suis détendue », raconte Mme Kashindi. « J’ai vu que mon bébé allait bien. »

Former les prestataires et créer un climat de confiance 

L’accouchement sans risque de Mme Kashindi reflète non seulement l’expertise des prestataires qui l’ont entourée, mais aussi un changement dans l’attitude de sa communauté vis-à-vis des soins de santé.

Benedicta Kweslema, infirmière-sage-femme qui travaille depuis deux ans dans la maternité de l’hôpital principal de Nyarugusu, explique que la confiance des patientes a augmenté à mesure que les compétences des prestataires s’amélioraient. 

Avec ses collègues, elle a récemment assisté à deux sessions de formation de l’UNFPA sur la préparation et l’intervention, la prévention et la prise en charge des infections, les soins néonatals et la sécurité des injections.

« Cette formation est venue compléter nos compétences techniques et nos connaissances sur la surveillance du travail et la détection précoce des signes de danger, afin de mieux sécuriser les accouchements », souligne-t-elle. « Je suis désormais mieux équipée pour identifier des besoins directs ou indirects, et prodiguer de meilleurs soins à mes patientes. »

C’est aussi grâce à cela que Mme Kweslema a de meilleures relations avec les mères et la communauté des personnes réfugiées. 

« La formation a renforcé la confiance : de plus en plus de femmes consultent les services de santé, et l’on compte de plus en plus d’accouchements médicalisés au sein de nos structures », ajoute-t-elle.

Un plus grand nombre d’accouchements sans risque signifie un nombre réduit de décès maternels : on est ainsi passé à Nyarugusu de cinq décès en 2019 à quatre en 2020 et 2021, pour finalement atteindre zéro en 2022.

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